Nous publions ci-dessous la copie d’un article paru dans le journal « La Montagne » le 15 février 2017. La mise en page de notre article ne reflète pas fidèlement l’article paru sur la version numérique de l’article, qui peut être consulté en cliquant sur ce lien. Malgré son âge, il reste d’actualité
Une entreprise spécialisée dans la pyrotechnie doit comparaître mercredi 15 février, devant le tribunal de Clermont-Ferrand, pour « blessures involontaires par violation d’une obligation de sécurité ou de prudence ». Il y a cinq ans et demi, le 13 juillet 2011, une dizaine de personnes avaient été légèrement blessées lors du feu d’artifice de Cébazat, des projectiles ayant atterri dans la foule.
Bernard Deom a créé il y a cinq ans le syndicat de la pyrotechnie de spectacle et de divertissement (SPSD). Il regroupe actuellement sept sociétés. Ce professionnel installé à Sauville, dans les Ardennes, ne mâche pas ses mots : il souhaite « tirer la profession vers le haut » et « couper l’oxygène à ceux qui ne sont pas en règle ».
· Les accidents lors de feux d’artifice sont-ils fréquents ?
« Chaque année, il y a des dizaines d’accidents dans le cadre de feux d’artifice. La cause est toujours la même : l’incompétence de l’artificier.
Le métier d’artificier de divertissement n’existe pas. N’importe qui peut s’installer comme artificier. Il faut un certificat de qualification. Mais ce certificat est devenu un argument commercial. Certains disent « je te donne ton certificat et tu m’achètes mon feu d’artifice ». La réglementation qui définit la qualification des artificiers est dévoyée. Certaines maison qui ont l’agrément pour faire de la formation délèguent à leurs revendeurs. Ce sont les revendeurs qui font la formation. »
·Vous voulez dire que le métier n’est pas assez réglementé ?
« La réglementation existe. Nous demandons simplement que la loi soit respectée. Déjà au niveau de la formation. Il faudrait qu’elle soit dispensée par des centres de formation qui ont un agrément préfectoral et non qu’elle soit déléguée à des revendeurs. »
·Votre profession est-elle mal connue ?
« C’est notre cheval de bataille actuellement. Nous essayons d’informer les acheteurs publics sur la réalité du métier. Le feu d’artifice, aussi appelé artifice de divertissement, est sous-estimé par l’immense majorité des municipalités et des pouvoirs publics. Ils ne retiennent souvent que le mot « divertissement ». Ils en déduisent que ça n’est pas dangereux. Or ce sont des explosifs ! C’est extrêmement réglementé.
Nous sommes en train d’essayer de créer un référentiel professionnel. »
·Combien y-a-t-il d’artificiers de divertissement en France ?
« Selon les calculs réalisés par notre syndicat, il y a une quarantaine d’installations classées, spécialisées dans les feux d’artifice, qui disposent des moyens légaux pour stocker des feux. Mais si on fait une recherche sur internet, on trouve plus de 1.000 entreprises qui vendent des feux d’artifice. Il y a un différentiel énorme ! Les gens se disent « professionnels » car ils ont un certificat de qualification. Mais c’est un certificat pour le tir, pas pour stocker, ni pour manipuler.
Dans les statuts de notre syndicat, pour adhérer, il faut être en règle. Vous voyez qu’on démarre de bien bas ! »
·Que conseillez-vous aux élus locaux lorsqu’ils doivent choisir un artificier pour des festivités ?
« Depuis les attentats du Bataclan, les pouvoirs publics ont modifié le code de la Défense. Tous les opérateurs concernés par les explosifs sont soumis à un agrément technique. Il est obtenu après un audit, il y a un contrôle concernant les exigences de sécurité et de sûreté. Sans agrément, ils sont en infraction. Nous demandons aux acheteurs publics d’exiger que le pétitionnaire fournisse un agrément technique. Ça va couper l’oxygène à des gens qui ne sont pas en règle. Et il y aura peut-être moins d’accidents.
Catherine Perrot
Changement de lieu à Cébazat
Depuis l’accident de 2011, le lieu d’où est tiré le feu d’artifice du 14-juillet a été modifié à Cébazat. L’événement, qui se déroulait traditionnellement au parc Pierre-Montgroux, a été déplacé au stade de football, où la distance entre la zone de tir et le public est plus importante. Il y a donc beaucoup moins de risques. « Ça n’est plus le même prestataire qu’en 2011, précise Flavien Neuvy, maire de Cébazat depuis 2014. Nous avons fait un appel d’offres en 2014, comme d’habitude. Depuis, ça se passe très bien. Il faut prévenir les pompiers et la préfecture. Il faut aussi respecter les distances de recul. Nous faisons ça en lien avec la société de pyrotechnie. Nous prenons toutes les précautions nécessaires. Notre responsabilité peut être engagée. Je vais personnellement sur le site, avant le spectacle, pour m’assurer que la réglementation est respectée, notamment les distances de sécurité. »
Avec nos remerciement à Madame Perrot, journal La Montagne : http://www.lamontagne.fr/accueil.html