« Si j’ai la réputation de vendre de bonnes pommes, une opportunité s’offre à moi : je peux vendre des pommes farineuses au prix que l’on paierait pour une belle pomme. J’aurai exploité ma réputation ; et un client se serait fait rouler »
Ces lignes écrites par George Akerlof et Robert Shiller, prix Nobel d’Economie s’appliquent aux marchés financiers dans leur livre « Phishing for Phools » paru en 2015. Mais elles s’appliquent aussi parfaitement au marché des feux d’artifice.
Car ce marché repose sur une arnaque comparable.
La réputation des grandes marques s’est échafaudée à partir des années 1920 et est parvenu à maturité après les années 1950 avec une position de quasi monopole et d’entente.
Ce fragile équilibre a été ébranlé dans les années 70-80 par l’apparition de petites entreprises bien structurées qui a généré un premier bouleversement à la fin des années 90.
Les grandes marques que nous appelons les majors ont tentées de contrer ces petites entreprises par diverses manœuvres dont la principale a été de faire émerger une kyrielle d’opérateurs économiques de proximité, plus ou moins franchisés, brandissant l’étendard des majors s’en en avoir le savoir faire. Un accord plus ou moins écrit engageait les uns à prêter l’avantage de la marque contre l’engagement des autres à s’approvisionner –en partie- chez les premiers. Le marché de dupes prenait corps.
Dans les années actuelles, à partir de 2010, sont apparues force micro entreprises, sans contrat avec qui que se soit, sans compétence aucune si ce n’est un vague certificat de « qualification » C4T2, mais avec le culot insigne de celui qui n’a rien à perdre au sens propre du mot : ni connaissance, ni réputation, ni patrimoine, ni argent.
Tous ces intervenants se présentent évidemment comme des experts, des artistes exploitant, souvent à leur insu, la réputation de leur supposé parrain et/ou complice. Tout en se fournissant sur Internet en Pologne ou en Roumanie ou auprès de revendeurs locaux peu scrupuleux, sans souci des réglementations. D’ailleurs les services de contrôle ne contrôlent qu’exceptionnellement… et en prévenant. C’est une « profession déréglementée » affirme un vieux briscard de cette entourloupe.
Leur meilleure arme dans ce domaine est la tromperie informationnelle. Autrement dit une information qui est conçue de façon délibérée pour tromper. Par exemple « Je suis artificier puisque j’ai le document signé par la préfecture attestant que j’ai la qualification C4T2. » Sauf que cette qualification ne concerne que le tir des feux à l’exclusion du stockage, de la manipulation et du transport des artifices. Le problème de fond est qu’il faut trouver des arguments pour décrocher le marché au moindre coût, y compris en négligeant les réglementations. Le seul objectif qui vaille est de décrocher la commande. Peu importe les moyens.
Ces arnaqueurs sont bien aidés par les acheteurs éblouis qui se contentent de l’apparence, en restant dans l’abstrait. Si ces acheteurs examinaient ces informations en les resituant dans la réalité, ils se rendraient compte à quel point ils se font duper, que s’il appliquaient un peu de bon sens, ils comprendraient qu’elles leur sont en tous points néfastes Exemple : Le vendeur prétend qu’il se fait livrer sur le site de tir le jour même par son fournisseur et qu’ainsi il n’a pas besoin de s’équiper de moyens de stockage. Avantage supplémentaire il est moins cher qu’un concurrent qui dispose de moyen de stockage car ceux-ci ont un coût… payé indirectement par le client bien entendu. Mais qui peut croire qu’un fournisseur va parcourir des centaines de kilomètres pour venir livrer un feu d’artifice dans une commune au jour dit. Surtout le jour de la fête nationale. Il a autre chose à faire le fournisseur. Et ces prestations ont un coût… payé directement par le client. Alors moins cher ? Pas sûr. Ce qui est sûr c’est que le fournisseur a livré longtemps auparavant, en une seule fois, les artifices dans un endroit discret, de préférence inconnu de l’administration, malheureusement toujours inadapté au stockage d’explosif ; (proximité d’habitations et même d’ERP Etablissement Recevant de Public, écoles, magasins, etc, lieu non sécurisé à la portée du premier terroriste venu, lieu humide…) Alors la sécurité dans tout cà ? Parce que, souvenez-vous, le vendeur vous a bien gavé avec des « La sécurité avant tout .» « Pour moi, je ne tire le feu que si la sécurité est parfaite ; » Etc… mais la sécurité commence avec le stockage, avec le transport ; Ecrans de fumée. La pratique du mensonge et de la manipulation dans ce domaine peut avoir des conséquences considérables sur notre vie à tous. Il y a des arnaqueurs et il y a des dupes.
Les majors qui ont des relations et des moyens font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher le marché d’être vraiment concurrentiel. Ils veulent garder leur hégémonie. Battez vous en bas, mais laissez nous notre monopole. Les petits détaillants sont au front à prendre et à donner des coups pendant que les majors ont déjà réalisés leur bénéfice. Les détaillants au service des majors qui se trahissent mutuellement, les uns en se servant de la marque pour écouler des produits bas de gamme, les autres pour casser les prix pour mettre en difficulté un indépendant en se dissimulant derrière une réputation prestigieuse. Les uns pour contourner les instances de régulation, les autres pour intervenir auprès de ces instances pour les manipuler avec des raisonnements viciés et des contre vérités grotesques (quand on les rapporte à la réalité).