Cet article traite de l’agrément technique des installations, à ne pas confondre avec l’agrément de l’artificier
La procédure de l’agrément technique soumet toute installation de stockage de produits explosifs à un agrément technique Des seuils de dispense d’agrément technique sont fixés en fonction des risques propres aux produits considérés.
Le décret n° 2019-540 du 28 mai 2019 relatif à l’agrément technique des installations de produits explosifs et à la mise en œuvre d’articles pyrotechniques permet de mettre en cohérence les diverses réglementations auxquelles sont soumises les installations de stockage de produits explosifs. L’agrément technique d’une installation de stockage de produits explosifs pourra être délivré dès lors qu’aura été vérifiée la prise en compte des réglementations relatives à la sûreté (Etude de Sureté), à la sécurité du personnel (Etudes de Sécurité du Travail) et à la sécurité environnementale (Etude De Danger).
Le décret modifie par ailleurs les conditions de mise en œuvre des artifices de divertissement de catégorie 4 et des articles pyrotechniques destinés au théâtre de la catégorie T2. En plus du certificat C4/T2, le tireur devra détenir un agrément préfectoral en plus du F4/T2 (voir ici)
Dispositions relatives à l’agrément technique des installations de produits explosifs
Les seuils
Les installations de stockage de produits explosifs non soumis à certificat d’acquisition (dont les artifices de divertissement) et dont la quantité maximale de matière active nette susceptible d’y être présente ne dépasse pas les seuils mentionnés dans un arrêté sont dispensées de l’agrément technique. Si l’installation est au dessus du seuil elle doit avoir un agrément technique :
L’arrêté du 28 mai 2019 relatif à l’agrément technique des installations de produits explosifs pris pour l’application des articles R. 2352-97 et R. 2352-99 du code de la défense fixe les seuils suivants :
– Artifices de divertissements des catégories autres que F4 des divisions de risques 1.4G et 1.4S : 150 Kg dans les débits et leurs réserves à des fins de vente ou de collecte.
– Dans tous les autres cas, c’est à dire tout le reste dont tous les artifices de divertissement, DR 1.1 : 0 gramme, DR1.3 : 2Kg, DR1.4 10 Kg, DR1.4S : 20 Kg
La composition du dossier
Une présentation générale comprenant :
– Les références du demandeur (nom, Prénom, n° siret, etc)
– Localisation de l’installation avec plan
– Description de l’installation
– Description de l’activité
– Description des produits stockés
– le cas échéant, le classement de l’installation dans la nomenclature des installations classées.
Un dossier technique comprenant :
– Un descriptif des mesures de sûreté existantes (pour le cas des artifices de divertissement)
– Un document attestant de la déclaration de l’installation ou de la demande d’autorisation préfectorale (si le dépôt y est soumis)
– Les EST
Le dossier est transmis au préfet qui transmet pour avis à l’IPE, DIRECCTE, police et gendarmerie
Prise d’effet fin décembre 2019 (6 mois pour se mettre en conformité).
Dispositions relatives à la mise en œuvre d’articles pyrotechniques que sont les AD
La mise en œuvre des articles de catégories F4 et T2 ne peut être effectuée que par des personnes titulaires (pour l’entrepreneur) ou sous le contrôle direct de personnes titulaires (pour les tireurs) :
– d’un agrément délivré après enquête administrative (voir L. 114-1 et R. 114-5 du code de la sécurité intérieure).
– du certificat de qualification C4/T2
La mise en œuvre des articles de catégories F2 et F3 tirés par mortier (?) ne peut être effectuée que par des personnes titulaires ou sous le contrôle direct de personnes titulaires de l’agrément
Vous pouvez télécharger un formulaire de demande d’agrément à la mise en œuvre en cliquant ici
L’étau se resserre
Ces nouvelles dispositions ne sont en fait pas nouvelles, le décret ne fait que clarifier la situation et resserrer les boulons.
– L’agrément technique a toujours existé, avec du reste les mêmes seuils (ou à peu près concernant les magasins de vente), mais le code de la défense était particulièrement brumeux sur ce point. Le décret et son arrêté sont très clairs, l’artifice de divertissement est soumis à l’agrément technique.
– C’est bien connu : pas de dépôt… pas de pyro… Le décret est clair sur ce point. Le dossier de demande d’agrément technique doit comporter la preuve de la déclaration ou la demande d’autorisation si le dépôt est au dessus des seuils fixés pour la rubrique 4220 de la nomenclature des installations classées. En dessous du seuil la déclaration, il n’y a pas de preuve à verser au dossier de demande d’agrément.
Donc au dessus de 2 Kg de DR 1.3 ou 10 Kg de 1.4G (rien à voir avec les catégories F2, 3 ou 4) on doit avoir un agrément technique. Il faut savoir que les bombes d’artifices, les gros compacts, les chandelles de calibre supérieur à 30 mm et la plupart des artifices de divertissement sont concernés car ils sont classés en division de risque 1.3G même s’ils peuvent être classés en catégorie F2. Il faut s’attendre à la modification du CERFA qui va demander ce document dans ses pièces jointes (un spectacle fait plus de 35 Kg).
– Dispensé de l’étude de sureté réalisée par un cabinet agrée, le futur exploitant devait cependant indiquer la liste des mesures envisagées pour prévenir les intrusions et les vols (R2352-100 du code de la défense). Maintenant, il doit décrire les mesures existantes.
A savoir des barrières physiques équipées de détecteurs actifs et passifs, des détecteurs d’intérieur et périmétriques (au minimum), des détecteurs d’ouverture, des caméras, …, sans compter la réponse à la question « Vous faites quoi quand ca sonne ? ».
– Une nouveauté malgré tout, quoique, la demande d’agrément contient les mesures de sécurité destinées à protéger les travailleurs.
Sauf à démontrer que l’exploitant n’est pas employeur, il sera difficile d’éviter les EST chargement/déchargement, stockage, picking, préparation de commandes, mise en communication/méchage (rubrique 4210 de la nomenclature au dessus de 1 Kg) dont le contenu est fixé par un arrêté.
Il faut rappeler que l’approbation des EST est obligatoire AVANT le commencement de l’activité.
– Nouveauté également, quoique, l’exploitant devra justifier de sa moralité.
C’est bien connu, pas de dépôt, pas de pyro, pas d’enquête administrative… Mais avec un dépôt maintenant connu de l’administration par son agrément technique… C’est moins confortable. Pour vivre heureux vivons caché ? c’est fini.
Quel avenir ?
Est ce la fin de la profession ? Non. Le marché du feu d’artifice existe et durera tant que la tradition de la fête nationale, la Saint Jean et consors dureront.
Mais les petits faiseurs underground sont maintenant condamnés à s’adapter ou à disparaître. Les entreprises vertueuses que défend notre syndicat s’y retrouveront.