Au mois d’août 2018 nous mettions en ligne notre commentaire sur l’explosion d’un dépôt illégal situé auprès d’un dépôt déclaré.
Le dépôt (au sud) régulièrement déclaré était en règle mais c’est dans le hangar (au nord) que s’est produit l’explosion.
En octobre 2019 l’actualité nous montre un cas similaire, même si ses conséquences sont bien plus graves : l’incendie d’un stockage illégal de produit dangereux.
Pour faire simple, une usine de produits chimique classée Seveso (en rouge) à brûlée, avec des conséquences environnementales désastreuses. Selon les médias, des produits chimiques identiques se trouvaient stockés dans un entrepôt voisin (en vert), qui n’était pas connu de l’administration, et selon eux ce dépôt illégal serait à l’origine du feu.
L’enquête déterminera les responsabilités, mais les quantités avancées par les médias font apparaître que ce dépôt inconnu de l’administration aurait du être classé, également, Seveso.
Les mesures de protection environnementales imposées par la réglementation, même sans aller jusqu’au classement SEVESO, sont indispensables à la protection de l’environnement et des populations alentour. La mise en place de ces mesures permet à l’entreprise de recevoir une autorisation d’exploiter.
Une fiche d’information du public sur la nature des risques générés par l’entreprise et les mesure de sécurité qu’elle met en place est disponible sur le site des installations classées *. Elle indique que les distances d’effet d’un incendie se limiteraient aux voies de circulation autour du site. Pouffons disait Desproges.
Il ne s’agit pourtant pas de l’incompétence de l’inspecteur des installations classées. La question à poser est la suivante : les mesures contraignantes et onéreuses de protection mises en place sur le site SEVESO (lire la fiche) ont-elles été mises en place sur le site illégal ? Car en effet ces mesures sont avant tout des mesures préventives ou de réaction rapide à un événement indésirable. Mais elles coûtent cher.
Par contre, une entreprise voisine a un déclaré dépôt soumis à enregistrement pour le stockage de produits identiques… à 80 Km de là (selon le site des installations classées), et le dépôt illégal est une de ses filiales (selon le site de l’entreprise), qui n’apparaît pas sur la base de données des installations classées.
Cette situation, si elle est avérée, ne serait pas sans rappeler les faits que nous dénonçons chez les artificiers de divertissement. Dans les deux cas la problématique est la même. Il est tentant de déclarer le minimum, et de stocker le reste ailleurs. Les mesures de sécurité, contraignantes et onéreuses, étant mises de côté.
Cette politique engendre un effet pervers insoupçonné : un ministre se montre rassurant puisque la lecture de la fiche suscitée, qu’il a lue sans attendre n’en doutons pas, n’est pas alarmante. C’est légitime de le penser si les cartes ne sont pas truquées.
Nous dénonçons les stockages illégaux depuis longtemps. Nous espérons vivement que cette dernière péripétie va inciter les inspecteurs à se tourner enfin vers les dépôts illégaux avant que ceux-ci ne tuent quelqu’un, au lieu de se tromper de cible une nouvelle fois en renforçant le contrôle des entreprises connues de l’administration.
*http://documents.installationsclassees.developpement- durable.gouv.fr/commun/H/f/8accf0a6604507f2016045fc257b000f.pdf